lundi 16 avril 2012


Pourquoi est-ce que je me bats?

Déjà en 2005, j’ornais mon carré rouge pour montrer mon désaccord de transformer 103 millions de dollars de bourses en prêts.  Mais, à 18 ans, je ne pouvais imaginer tout le poids que représentait ce merveilleux petit bout de tissu.  Récemment, j’ai du me questionner afin de bâtir mon propre opinion sur la hausse des frais de scolarité.  J’ai commencé par me demander ce que cette hausse allait engendrer.  Quel impact sur le futur?  Quel genre de société ça allait donner?  Pour répondre à ma question, j’ai écouté les arguments des carrées verts.  Que le Québec était la province où l’école était la moins cher en Amérique du Nord…  Pourquoi on se compare aux États-Unis?  Pourquoi est-ce qu’on se compare aux pires?  Pourquoi ils sont si pires?  Le peuple américain est un peuple ignorant.  Il est d’autant plus facile, pour les gouvernements, de contrôler des gens peu instruits.  Aux États-Unis, la classe moyenne est minime, les pauvres sont très pauvres, ils n’ont pas accès aux études, ni au système de santé.  Les riches sont très riches, et peuvent contrôler les plus pauvres.  Le pourcentage de gens instruit est faible, là-bas, plus de la majorité de la population sont créationniste et n’ont même jamais entendu parler de l’évolution à l’école… pourtant, ils paient cher pour étudier!  Alors est-ce que j’ai envie de ressembler aux États-Unis? Non merci.  Alors, qu’est-ce que cette hausse va engendrer?  Un peuple ignorant, plus facile à contrôler, un peuple pauvre?

Un autre argument utilisé par les carrées verts qui m’entoure était qu’on ne pouvait pas se battre contre le gouvernement.  NOUS SOMMES DE GOUVERNEMENT.  Le peuple EST le gouvernement.  Un gouvernement se doit de représenter son peuple et non pas le bâillonner.

La hausse des frais de scolarité ne me touchera probablement pas.  Je finis mon Bac l’an prochain, et même si elle me touchait, en travaillant, je suis capable de payer mes études.  Si je suis dans l’impossibilité, mes parents vont payer mes études, j’ai un iPhone, un cheval, un appartement magnifique sur le Plateau Mont-Royal, donc je suis capable de payer mes études et ce, même avec la hausse.  Non, je ne suis pas égoïste, je me bats pour l’accès aux études de tous les enfants québécois.

Aujourd’hui, en date du 13 avril 2012, tous les étudiants, autant carrées rouges que verts réclament l’ouverture d’un dialogue.  Mais face à l’indifférence  des ministres, les étudiants s’emballent par la colère et l’incompréhension.  Les actions effectués par certains (qui ne sont peut-être même pas des étudiants!) en fâchent quelques uns.  Vous vous attendiez à QUOI? Premièrement, la ministre affirme que la décision d’augmenter les frais de scolarité de 1625$ est prise et qu’aucun retour n’est possible.  J’imagine qu’elle s’attendait qu’on rentre tous gentiment dans nos cours pour continuer d’étudier?  Par la suite, les manifestations se multiplient et le mouvement ne s’essouffle pas.  Ce mouvement dure depuis 9 semaines, et nous avons l’appui de nos familles, de nos parents et de la population en général.  La ministre est déroutée.

L’annonce de l’injonction accordée à l’Université de Montréal hier a créé une manifestation de dernière minute avec des dommages monétaires… vous vous attendiez à QUOI?  Il est aberrant de voir que les universités se rangent derrière le gouvernement au lieu de défendre et supporter ses membres.  Même les professeurs, qui n’ont aucunement été avisé des démarches judiciaires, sont indignés de cette directive qui est de continuer à donner les cours malgré les mandats de grève.  Ces gens, ont qui déjà été sur nos bancs d’école et maintenant qui sont devant nous, trouvent la démarche assez dure de la part de l’Université de Montréal et déplore cette façon de gérer par la force et que l’imposition d’un contexte législatif va à l’encontre des valeurs de l’université.  Comment ça va finir?  Est-ce qu’on va collectionner les injonctions, les amendes, les arrestations où bien le gouvernement va finir par donner une réponse positive à la négociation?

Toutes les associations étudiantes qui sont en grève le sont par un vote démocratique à majorité.  Tous les membres de ces associations doivent donc respecter cette décision de boycotter les cours.  Les piquets de grève ne servent qu’à « rappeler » à ceux qui voudraient aller à leur cours quand même.

Il est temps de nous poser les bonnes questions.  Faut-il financer l’enseignement de l’anglais aux francophones du Québec, construire un aréna pour accueillir un éventuel club de hockey, pire encore, asphalter les routes vers les mines du Plan Nord qui serviront aux compagnies minières pour s’enrichir ou bien investir dans les institutions scolaire afin d’offrir la gratuité scolaire?  Posez-vous ces questions.  Les politiciens ne considèrent pas les étudiants comme des citoyens à part entière et complètement désintéressé des problèmes de la société.  Ah oui! À 200 000 étudiants dans la rue pour manifester, c’est sûr qu’on ne s’intéresse à rien.

Si on s’arrête maintenant, qu’est-ce qu’on va retenir?  De se laisser écraser par un gouvernement imbu de lui-même?  De ne pas revendiquer nos droits de négocier?

Alors voilà pourquoi je me bats, et comme ma grand-mère, mes parents, ma sœur et tous les membres de ma famille qui l’ont déjà fait, je suis dans la rue et je manifeste.



Audrey Bédard-Goulet
Étudiante au Bac en Sciences Biologiques de l’Université de Montréal

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